Les sports et loisirs liés à la nature (2012)
 

La qualité et la diversité du patrimoine naturel et paysager de Corse génèrent de nombreuses activités de découverte du milieu naturel et la pratique d’activités sportives et de loisir liées à la nature.

Contrairement à d’autres régions les pressions les plus importantes sont limitées à quelques mois de l’année et en particulier à la saison estivale.

Quant aux infrastructures qui permettent le développement de ces activités (infrastructures de transport, pistes d’accès, installations portuaires, etc.), elles exercent également une pression sur les milieux naturels et nécessitent une meilleure structuration des acteurs, des espaces et des activités.

Pour un développement économique durable, il sera nécessaire de maîtriser les conditions d’exercice des diverses activités économiques et le développement des infrastructures associées pour lesquelles une labellisation doit être envisagée.

Les pouvoirs publics et gestionnaires cherchent par la concertation à accompagner les pratiques tant existantes qu’en développement, au delà du simple cadre des espaces protégés, cela afin d’aboutir à l’élaboration d’outils efficaces comme les conventions d’usage ou les chartes.

Les professionnels diplômés qui organisent les activités ont dans l’ensemble pris conscience de la nécessité de préserver l’environnement et sont associés aux acteurs publics dès la phase de création de leur activité. Ils bénéficient de formations souvent locales et font découvrir l’environnement aux usagers. Tous sont dans l’attente d’informations environnementales et réglementaires.

La randonnée pédestre

L’aménagement du GR 20 et des sentiers de randonnée annexes (sentiers du littoral, « mare a mare », « mare a monte », etc.) constitue un atout majeur et structurant pour le développement de cette activité.

La randonnée connaît un développement croissant qui, lorsqu’elle est pratiquée dans les secteurs abritant des espèces faunistiques ou floristiques vulnérables, peut nuire à la préservation des équilibres biologiques.

Le développement des courses « hors-stade » et des courses d’orientation nécessite une concertation préalable impliquant l’ensemble des acteurs concernés.

Un plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées (PDIPR) sera finalisé début 2013 en Corse-du-Sud et un PDIPR est en cours de réactualisation en Haute-Corse.

La randonnée équestre

Il existe en Corse soixante centres équestres dont vingt touristiques assez également répartis sur le territoire.
Les impacts négatifs générés par cette activité sont négligeables à l’exception de la fréquentation estivale sur des sols fragiles (dunes). Un recensement des itinéraires est en cours, il pourra être intégré dans les PDIPR.

 


La randonnée motorisée


L’activité de découverte de la Corse par les circuits 4x4, quad et moto répond à une demande sociale forte. Elle est organisée par une douzaine d’entrepreneurs insulaires diplômés, dont les itinéraires et leur fréquentation ont été évalués. Une charte des loisirs motorisés terrestres est en cours d’élaboration. Toutefois, d’autres opérateurs non locaux échappent à la plupart des statistiques compte tenu de la clandestinité de leur présence. Une cellule de veille a été mise en œuvre par le département de Haute-Corse pour enrayer cette fréquentation migrante, en partie due à des régimes de protection plus draconiens dans leurs régions d’origine. La pratique sportive concerne une vingtaine de clubs, évoluant pour la plupart sur des terrains ou circuits privés. Une minorité de licenciés pratique la discipline d’enduro et s’entraîne sur des chemins. Très peu de manifestations sont organisées en Corse.

Les pratiques individuelles de loisirs (liées à la randonnée, à la chasse ou à la pêche) sont par contre particulièrement anarchiques et sont difficiles à maîtriser. La circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels peut générer dérangement de la faune, destruction de plantes rares ou endémiques, braconnage, dégradation des plages, pollution, bruit et conflits d’usage.

Le cyclotourisme et le vélo tout terrain

Deux projets de voies vertes sont à l’étude. Le plus avancé concerne la ville de Bastia (traverse nord - sud en bord de mer entre Port Toga et la Marana, 4 km). Le second porté par la CAPA et le Conseil général consisterait en un itinéraire entre la Gravona et les Sanguinaires.

Il n’existe que très peu de linéaire de pistes cyclables et presque uniquement en site urbain. Le cyclotourisme est limité par les fortes pentes.

La pratique du VTT est en développement. Sur certains itinéraires, à dire d’experts, la situation se dégrade du fait des ravinements observés sur les sentiers. On observe tout comme pour les loisirs motorisés, un manque de parcours organisés. Le PNRC expérimente un projet de « stations VTT » en Castagniccia.

Les sports d’eau vive

Le réseau hydrographique corse a pour caractéristique de grandes variations de niveau qui limitent la majorité des activités au printemps.

La pratique de l’hydro-speed et du raft est très faible, celle du kayak se limite à des pratiquants de bon niveau souvent étrangers évoluant principalement sur des rivières d’altitude. Pour ces activités, on n’assiste pas à un tourisme de masse comme cela peut se pratiquer dans d’autres régions.

La pratique du canyonisme attire en revanche de plus en plus d’adeptes. Si les impacts environnementaux sont peu connus et font actuellement l’objet d’études comportant des comptages, il faut noter que seuls sept ou huit canyons sur les soixante-dix existants font l’objet d’une commercialisation. Pour limiter cette surfrequentation certaines communes prennent des arrêtés d’interdiction.

Au rang des activités de loisirs, la baignade estivale en eau douce impacte les milieux aquatiques par le piétinement des fonds et la mise en suspension des sédiments à une période où les milieux sont fragilisés.

 

Les activités aériennes

Les activités relatives aux sports aériens restent marginales en Corse. En raison de l’absence de nuisance générée par cette activité, il serait opportun de favoriser le développement des centres de pratique du vol à voile. La pratique du parapente recèle des possibilités considérables, pour la plupart encore inexploitées, compte tenu de l’étendue et de la variété du relief montagneux et des paysages.

Le développement des activités de découverte par hélicoptère peut engendrer des nuisances phoniques préjudiciables à la grande faune (mouflon, gypaète, aigle royal).

La pratique d’ULM et de paramoteurs est en train de se développer mais reste marginale.

Les activités de neige et de montagne


La pratique de l’escalade connaît un essor régulier, tant en nombre de pratiquants que de sites équipés quelle qu’en soit la forme (équipements simples, via ferrata, etc.). Le développement souvent non planifié ou non maîtrisé de cette activité peut nuire à la flore et à la faune rupestre (rapaces).

La pratique du ski alpin est relativement stable même si elle reste tributaire d’un enneigement aléatoire et que le terrain s’y prête mal.

La pratique des randonnées hivernales en raquettes, qui a supplanté la pratique du ski de fond, est en nette progression dans tous les massifs montagneux de l’île. Certains sites répertoriés (Coscione, Verdanèse, Val d’Ese, Camputile, Verggio) se prêtent particulièrement à la pratique de cette activité. Il convient néanmoins de noter un manque d’aménagement des sites malgré la volonté des communes de développer cette activité dont les retombées économiques pourraient être importantes en terme de produit touristique.

La pratique du ski de randonnée reste limitée à un nombre restreint de pratiquants aguerris en raison de la difficulté des itinéraires.

Le développement des « parcours acrobatiques en hauteur » après avoir connu un engouement important par le passé s’est stabilisé voire même a légèrement régressé.

Les activités marines


Une démarche participative, à l’effort collectif de bonne gestion de la mer, a été initiée par les acteurs organisés des loisirs nautiques et s’est concrétisée par la signature d’une Charte des loisirs nautiques en Corse qui dépasse le cadre des espaces protégés. Basée sur des engagements volontaires souvent plus contraignant que la réglementation, elle constitue un outil de promotion, d’information et de sensibilisation des usagers.

Des informations complémentaires sont disponiblessur le site : http://www.charte-ecoloisirsnautiquescorse.fr/

Les impacts de ces activités proviennent principalement de quatre facteurs :

  • les mouillages : les ports et installations de plaisance cumulent environ 7 500 places permanentes et plus de 2 000 de passage. En saison estivale cette capacité s’avère insuffisante même si de nouveaux mouillages organisés ont vu le jour. Les mouillages non organisés participent à la destruction de l’herbier de posidonie, des colonies de gorgones et à la dissémination d’espèces invasives (caulerpa) ;
  • les rejets polluants : macro-déchets, hydro carbures et produits chimiques, eaux noires et grises. La réglementation impose à l’horizon 2015 l’absence de rejets des eaux usées par les navires;
  • le bruit : les motorisations font l’objet de progrès continus qui limitent cette nuisance (moteurs quatre temps) ainsi que les rejets d’huile. Un premier bateau hybride (diesel/électrique) de promenade en mer a été mis en service à Scandola ;
  • la surfréquentation qui peut provoquer le dérangement des espèces et accentuer les points précédents.

La plongée sous marine

Sans doute première destination française pour cette discipline en développement, la Corse dispose de nombreux sites réputés et structures professionnelles.

Les acteurs locaux diffusent aux usagers de l’information environnementale et participent aussi à des travaux scientifiques (observations naturalistes et dans le cadre du réseau de surveillance de Taxifolia racemosa).

Les principaux spots ont été équipés de mouillages fixes qui limitent les dégradations. La fréquentation des sites en période estivale induit sans doute des impacts conséquents mais permet aussi de mieux conserver les sites comparables inutilisés.

La plaisance

La plaisance recoupe plusieurs activités différentes. La petite plaisance est surtout caractérisée en Corse par des sorties à la journée à bord de petits bateaux motorisés non habitables (un tiers des immatriculations annuelles mesure moins de 5 m).

Les navires de 7 à 24 m sont habitables et utilisés pour des voyages de plusieurs jours. La part des voiliers dans les immatriculations est plus faible que dans les autres régions.

La grande plaisance est un phénomène récent et en extension. La flotte mondiale est estimée à 5 400 unités, elle a presque triplé entre 1990 et 2010. La présence de 50 % de la flotte mondiale dans les eaux méditerranéennes a été évaluée à 8 mois sur 12. La Corse, peu pourvue en équipement propre à accueillir ces grosses unités, est devenue une escale secondaire et en particulier ses espaces protégés les plus emblématiques (réserve de Scandola, Bouches de Bonifacio).

Le jet ski


Il représente environ 15 % des immatriculations annuelles. Une évolution sensible des pratiques est notée ces dernières années :

  • les professionnels privilégient des randonnées accompagnées par des moniteurs et éloignées de la bande des 300 m, là où ils peuvent faire découvrir tant les paysages que la biodiversité, à la simple location;
  • les compétiteurs réalisent leurs entraînements à distance de la côte;
  • les nuisances sonores ont diminué du fait des nouvelles motorisations.

Le kayak de mer

Nouvelle activité en expansion, le kayak représente un mode de transport doux pour la découverte des rivages. L’impact est plus important pour les sorties de plusieurs jours avec des bivouacs sauvages, hors cadre organisé.

La baignade

Les activités de baignade se concentrent, au moins sur la côte occidentale, sur peu de sites qui pour certains bénéficient d’espaces remarquables ( arrière-plages, milieux dunaires) qu’il conviendrait de mieux protéger. Cette pratique génère indirectement des activités de prestations de services (location d’engins nautiques motorisés) et de restauration saisonnières à but lucratif qui se développent fortement, engendrant par contrecoup une fréquentation des abords des plages et entraînant des impacts non négligeables sur les milieux dunaires par nature fragiles et abritant des espèces sensibles.

La spéléologie

La pratique de la spéléologie constitue une activité relativement confidentielle en Corse en raison du nombre restreint de réseaux karstiques. Il existe cependant un comité régional de la FFS et plusieurs associations.

 

Les activités avec prélèvements sur la faune

Ces activités traditionnelles sont elles-aussi confrontées au développement d’un tourisme spécifique qui pour la chasse et la pêche intéresse les communes de l’intérieur et se déroule hors saison estivale. Ces formes de tourismes sont peu évaluées que ce soit pour leurs impacts que d’un point de vue économique.

La chasse


La chasse est une activité traditionnelle en Corse. Le nombre de chasseurs par habitant y est le plus élevé de France : environ 5 % en 2006.

Les fédérations ont mis en place des instruments de mesures des prélèvements (cahiers de battue, carnet de prélèvement, PMA bécasse) qui permettent d’obtenir des informations précieuses et de gérer au mieux la pratique. Des programmes en milieu scolaire sont élaborés pour favoriser la diffusion de l’information sur la faune sauvage.

Les chasseurs participent activement à la limitation des populations de sangliers qui, en surnombre, provoquent de nombreux dégâts tant aux cultures et aux habitats qu’à la faune.

Le développement du tourisme cynégétique peut accentuer la concentration de chasseurs sur des territoires limités et être générateur de tensions avec les autres usagers et de nuisances.

La pêche en rivière

L’activité traditionnelle, encadrée par des fédérations et réglementée, se double aujourd’hui d’une apparition, encore limitée, d’un tourisme halieutique proposant des séjours de pêche organisés.

La pratique du no-kill est encore peu répandue mais pourrait se développer sous réserve d’un encadrement spécifique. La pratique de la pêche en rivières ou en lacs est également doublée par un braconnage en partie responsable d’une raréfaction des espèces dans de nombreux torrents secondaires de l’île.

La pêche en mer

Pêche au loup en plage

Elle comprend des activités très diverses qui ciblent des espèces différentes : pêche du bord, petite pêche en bateau, pêche au gros, chasse sous-marine, cueillette des oursins. Cette activité, prise en compte par la Charte régionale des loisirs nautiques, fait l’objet d’une Charte nationale de la pêche de loisir.

Le nombre de pratiquants et le nombre et la nature des prises n’est pas connu. La déclaration préalable des pratiquants sur la base du volontariat (dispositif national) permettra d’apporter des informations précieuses à l’échelle de la Corse sous réserve que l’information aux usagers soit efficacement relayée. Ce dispositif est néanmoins beaucoup moins intéressant en terme de connaissances que celui mis en place par l’Italie (déclaration triennale obligatoire) ou celui de la réserve des Bouches de Bonifacio (déclaration annuelle obligatoire ainsi qu’une limitation des captures).

Pour mémoire, le poids économique de cette activité a été chiffrée à 384 ME pour la sous-région marine Méditerranéenne. Elle contribue aussi à l’engouement des habitants pour le nautisme.

En l’absence de lieux de concertation, le prélèvement des espèces halieutiques par la pêche de loisirs oppose les pratiquants, les pouvoirs publics, les gestionnaires d’espaces naturels et la pêche professionnelle.

La pêche de loisir (à ne pas confondre avec le « braconnage » que l’économie touristique peut générer) est une occupation à dimension sociale pour la population résidente des zones urbaines et du littoral.

Les associations de pêcheurs participantes à la charte nautique revendiquent leur écocitoyenneté en préconisant le respect des tailles biologiques et la limitation des captures.

Les différents dispositifs de gouvernance prévus dans le cadre des dispositifs AMP et Natura 2000 font défaut à l’extérieur de ces zones.

 


Les sports et loisir liés à la nature

  • Caractéristiques principales
  •  Patrimoine naturel extrêmement riche et diversifié favorisant le développement des activités de nature
  •   Importance des espaces naturels à proximités des zones urbaines et des espaces gérés
  •  Prise en compte de l'environnement par les acteurs professionnels et associatifs
  •   Concertation importante entre les acteurs locaux et les pouvoirs publics (hors pêche de loisir en mer)
  •  Signature de la Charte pour les loisirs nautiques en Corse
  •   Hétérogénéité en matière de balisage et de signalétique.
  •  Forte pratique saisonnière notamment littorale et maritime
  •   Manque de parcours organisés (cyclotourisme, VTT, loisirs motorisés)
  •  Difficultés de mise en place des contrôles sur un territoire très étendu
  •   Développement des loisirs motorisés et non-respect de la réglementation
  • Tendances évolutives
  •   Poursuite de la réalisation du sentier du littoral
  •   Aménagement à des fins conservatoires et d’accueil du public des plages et arrière-plages
  •   Mise en oeuvre des Plans départementaux des espaces, sites et itinéraires
  •   Mise en oeuvre du Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR) de la Haute Corse
  •   Étude préalables à la mise en place d'une labellisation des structures « vertueuses » en terme d'environnement
  •   Moyens de maîtrise insuffisants par les services chargés de l’environnement des procédures d’instruction liées à la création de structures de pratique des activités de nature

 

  Point positif   Point négatif

Cet article provient du site de Observatoire du Développement Durable de Corse
http://www.oddc.fr